Ascenseurs historiques,un patrimoine à revaloriser

Le Festival BANAD (Brussels Art Nouveau & Art Déco) a eu lieu durant la dernière quinzaine du mois de mars 2019. A cette occasion, une quarantaine de véritables perles architecturales ont ouvert leur porte au public. Pour la première fois, le festival a inclus quelques ascenseurs historiques dans son programme. Bien que ceux-ci fassent partie intégrante de notre patrimoine, leur conservation est à présent menacée. L’Europe ne les considère plus sûrs.

Bien que les ascenseurs historiques, contrairement aux façades des immeubles, ne peuvent pas être admirés depuis la rue, ils représentent une partie importante de notre patrimoine. Leur exploit technique, datant de la fin du dix-neuvième siècle, a joué un rôle primordial dans la conversion des bâtiments en appartements et du confort allant de pair avec ce nouveau mode de vie.

A Bruxelles, ces ascenseurs ont été installés principalement à partir de la fin des années 20. Anne Minne, qui habite Avenue Louis Lepoutre, explique que “La famille Marescaux-Hallemans a fait construire cet immeuble à appartements en 1913, mais l’ascenseur n’y a été installé qu’en 1935. En ligne avec l’architecture, il est du style ‘Beaux-Arts’, qui combine des éléments de style français et anglais. Il a été construit sur mesure en fonction de la cage d’escalier, ce qui en fait un des plus beaux ascenseurs de Bruxelles.

Jusqu’à présent, il n’a fait l’objet d’aucune rénovation mais il est prévu qu’un artisan change prochainement le verre du plafond de l’ascenseur par des morceaux identiques de verre colorés et traités.”

En tant qu’historienne de l’art, j’admire le charme authentique de l’ascenseur, ses boutons en bakélite, le fer forgé et le bois.” Quelques rues plus loin, Paolo De Chiara, qui habite Rue Camille Lemonnier, nous explique également sa passion pour l’ascenseur de son immeuble. “Le travail de fer forgé est ce qui rend notre ascenseur de 1937 hors du commun. Outre la façade et le marbre du hall d’entrée, l’ascenseur donner du cachet à notre immeuble. Etant donné que je suis de Naples, j’accorde réellement de l’importance à ces éléments historiques.

Tous les habitants de l’immeuble - des hongrois au turcs et des iraniens aux polonais – s’accordent à dire que l’ascenseur doit être conservé. Il est, en effet, le coeur de notre copropriété. Comme la plupart des anciens exemplaires, notre ascenseur est ouvert et permet d’entamer une conversation avec les voisins, ce qui favorise la bonne ambiance dans notre immeuble”.

“De plus, ce genre d’ascenseur est bien plus agréable pour les personnes souffrant de claustrophobie, car il ne donne pas l’impression d’y être enfermé,” poursuit Pablo De Chiara. “L’attention portée, en 1928, aux détails est époustouflante. On ne peut qu’admirer la banquette rabattable, les abat-jours en verre qui laissent passer des rayons de lumière sur le plafond en bois, le panneau de commande fait en cuivre et bakélite, le miroir poli et biseauté et le verre martelé. Lorsque j’ai acheté cet appartement il y a dix-huit ans, je suis tombée sous le charme de tout l’immeuble, y compris de l’ascenseur,” explique Fabienne Lichtert, qui habite Rue de Livourne. “Chaque fois que je prends l’ascenseur, son bruit subtil me séduit.”

ETERNELS

Outre l’aspect esthétique et historique, la sécurité et l’aspect technique sont bien sûr primordiaux. “En vue d’accroitre la sécurité, nous avons fait installer un rideau électronique,” explique Sydney Schreiber, un des fondateurs de l’asbl ‘Save Our Elevators’ et propriétaire d’un appartement Rue Forestière à Ixelles. “A présent, lorsque vous passez la main par la porte accordéon, l’ascenseur s’arrête immédiatement. Vu qu’il est assez lent, le mécanisme est rapide. De plus, dans l’éventuel cas d’une chute de l’ascenseur, nous avons fait installer un mécanisme permettant de pouvoir l’arrêter. Nous y avons également fait placer à l’arrière une barre de fer perforée, permettant à l’ascenseur de savoir exactement quand commencer à freiner.

Actuellement, nous analysons la possibilité d’intégrer des caméras de manière à pouvoir détecter toute panne éventuelle du mécanisme. Nous souhaitons à tout prix rendre notre ascenseur plus sûr, même s’il n’existe aucune statistique à propos du nombre d’accidents subis dans ce genre d’ascenseur et même si je n’ai jamais rien entendu à ce propos non plus.” “Nous souhaitons éviter de remplacer l’ascenseur par un modèle moderne qui, esthétiquement et historiquement, ne s’intègre pas dans l’immeuble.

En matière de sécurité, des arguments non fondés sont parfois avancés, comme le verre de sécurité nécessaire dans la porte de l’ascenseur mais pas, par contre, dans la porte de l’entrée. Ou le verrouillage du côté de la cage d’escalier qui doit être plus haut, alors qu’il est déjà impossible de s’y faire mal.” Pour l’instant, dans l’immeuble de Paolo De Chiara, les copropriétaires ont décidé d’attendre.

“Il s’agit des derniers gros travaux dans notre copropriété. Nous souhaitons faire en sorte que l’ascenseur soit plus sûr, même s’il n’a connu aucune panne. Toutefois, nous ne souhaitons aucune modernisation brusque. En raison de son esthétique et intérêt pour notre patrimoine mais aussi parce que, techniquement, il n’a pas son égale. Nous ne comprenons pas pourquoi nous devrions supprimer un ascenseur qui, après près d’un million de voyages, continue à fonctionner parfaitement. Et encore moins maintenant que la durabilité est tellement à l’ordre du jour. De plus, nous savons pertinemment qu’un ascenseur moderne sera moins fiable,” explique Paolo De Chiara. “C’est la simplicité du système et la qualité des matériaux qui rendent ces ascenseurs éternels. A l’époque, les artisans étaient fiers de leur travail. Ils visaient la qualité et non le rendement pur,” explique Lichtert. Bien que, jusqu’à ce jour, la société X se charge de l’entretien de l’ascenseur chez Paolo De Chiara, les autres copropriétés ont été contraintes de faire appel aux petites sociétés artisanales. “Jusqu’à il y a quatre ans, une autre société se chargeait de l’entretien de notre ascenseur. A la longue, il n’a malheureusement plus été possible de dialoguer avec eux. Ils nous offraient uniquement deux options : condamner l’ascenseur ou le remplacer par un exemplaire moderne.

Ils ne nous ont jamais présenté un projet permettant la conservation de l’ascenseur original. C’est curieux qu’ils ne soient pas plus fiers de leurs réalisations car ce sont eux qui sont à la base de sa construction. Ils préfèrent, dès lors, se limiter à leurs intérêts commerciaux. Entretemps, le savoir-faire se perd et ils ne veulent plus investir dans la formation de travailleurs spécialisés pour ce petit segment de marché. C’est pourquoi nous faisons dorénavant appel à des sociétés artisanales ou au spécialiste Paul Mariën”, explique Anne Minne.

RAREMENT EN PANNE

Ook Fabienne Lichtert doet sinds kort geen beroep meer op X voor het onderhoud. “In de 18 jaar dat ik hier woon, is de lift 1 keer in panne gevallen. Het was zaterdagavond, en er zaten 3 mensen in. Gelukkig is Y toen snel gekomen. Alleen hebben ze de oorzaak bij de ouderdom van de lift gelegd, en hebben ze verschillende stukken meegenomen naar hun atelier, waardoor we maandenlang zonder lift zaten. Aangezien ik aan hun uitleg twijfelde, liet ik een tegenexpertise uitvoeren.”

Depuis peu, Fabienne Lichtert ne fait plus non plus appel à X pour l’entretien. “Sur les dix-huit ans que j’habite ici, l’ascenseur est tombé en panne une seule fois. C’était un samedi soir et trois personnes s’y sont retrouvées prisonnières. Heureusement, la société Y a pu intervenir rapidement. Ils ont attribué la cause à l’ancienneté de l’ascenseur et ont emporté plusieurs pièces à réparer, ce qui fait que nous avons été sans ascenseur pendant des mois. Etant donné que je doutais de leur explication, j’ai demandé une contre- expertise. Il semblait que le mécanisme manquait simplement d’huile. Quelques jours plus tard, l’huile a subitement été ajoutée. Le mystère reste entier mais, à ma connaissance, seuls l’équipe de X et moi possédons la clé de la chambre des machines. Après quelques mois de discussion, ils sont revenu installer toutes les pièces de manière à que l’on puisse à nouveau utiliser l’ascenseur. Depuis lors, nous avons perdu confiance et j’ai fait adapter le contrat afin de permettre l’intervention de tiers. Etant donné qu’au cours des dernières années, X venait à peine pour l’entretien alors que nous payons pour 6 entretiens par an, j’ai définitivement résilié le contrat. C’est dommage car il s’agit du 92ème ascenseur construit par X en Belgique. De plus, plusieurs livrets d’entretien, qui répertorient leur travail depuis 1986, se trouvent encore dans la salle des machines.”

Sydney Schreiber nomme les quatre grandes sociétés d’ascenseur. “Ces sociétés gèrent nonante pour cent des ascenseurs au niveau mondial. Etant donné qu’il est bien plus intéressant pour elles de remplacer les anciens exemplaires par des nouveaux, plutôt que simplement procéder à leur entretien, elles ont mené la législation en matière de sécurité en leur faveur. Je suis disposé à payer mes impôts mais je trouve inacceptable que les citoyens doivent respecter une loi les obligeant à procurer plus de bénéfices à quelques grandes sociétés. Afin d’exposer cette injustice visà- vis de la population et le manque de respect de notre patrimoine, nous avons créé l’asbl ‘Save Our Elevators’. Comme le disent les belges ‘L’union fait la force’. En collaboration avec les instances compétentes, nous souhaitons rechercher une bonne solution. De plus, je suis disposé à me battre pour ce patrimoine car au Canada, mon pays d’origine, ces éléments historiques et inusables font uniquement partie de nos rêves.”

RESPECTUEUX

Ce qui vraiment choquant, c’est qu’il existe des solutions alternatives pour la modernisation harmonieuse et que, grâce à la méthode connue sous le nom de méthode de Kinney, pouvant valider ces alternatives, une solution se trouve à portée de main. “Alors qu’au début, quelques organismes de contrôle “acceptaient“ cette méthode, ce n’est à présent plus le cas. Même le rideau infrarouge, souvent utilisé pour ces solutions alternatives, est menacé. Pour le moment, nous sommes donc pris au piège. De plus, tous les ascenseurs devront, d’ici le 31 décembre 2022, répondre aux normes légales sans quoi nous nous exposerons à des amendes importantes.

“Même dans un immeuble protégé comme Le Palais de la Folle Chanson, l’ascenseur devrait disparaître selon la législation actuelle. Sur la base des chiffres d’Agoria, environ 8.000 ascenseurs datant d’avant 1958 devront être mis à jour, ce qui représente 170 par mois. Par conséquent, il est grand temps de trouver une solution définitive,” explique Sydney Schreiber. “Notre asbl propose d’effectuer une véritable analyse de risque par ascenseur et, sur cette base, d’aborder les lacunes concrètes. En outre, nous plaidons pour la réévaluation du métier d’opérateur d’ascenseur et la création d’une discipline d’enseignement vu les talents spécifiques requis pour l’entretien de nos ascenseurs.”

“Depuis que ma mère a emménagé ici en 1990, cet ascenseur n’a, à ma connaissance, connu aucun problème. Nous attendons donc avec angoisse de connaître la nouvelle législation. Il serait dramatique et triste de pouvoir admirer les ascenseurs uniquement dans un musée. Même si les ascenseurs font partie de notre quotidien, il font partie du passé collectif. A l’occasion du festival, nous ouvrons donc les portes de notre immeuble afin que tout le monde puisse redécouvrir cet élément de patrimoine oublié,” explique Anne Minne.

de Bruzz Magazine, 13/03/2019 par Elien Haentjens

INFO

Vzw Save Our Elevators
www.saveourelevators.com

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